Les troubles cognitifs sont un handicap invisible Qu’est-ce que cela signifie ? (21/11/2019)

Un handicap invisible est un handicap dont on ne se doute pas d'emblée en rencontrant la personne. Cependant, il a une incidence pour la personne elle-même et sur les relations qu'elle noue avec son entourage. Il existe plusieurs types de handicap invisible, les troubles cognitifs en font partie. Cet article décrit les principaux troubles cognitifs ainsi que le rôle du psychologue spécialisé en neuropsychologie dans leur repérage.

 

Que sont les troubles cognitifs ?

Les fonctions cognitives classiquement décrites sont : l’attention/la concentration, le langage, les fonctions exécutives, l’organisation dans le temps et l’espace, l’identification des perceptions, les praxies, les différents types de mémoire, la conscience de soi, et certains comportements.

Ces fonctions sont commandées par le cerveau.

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Un trouble cognitif signifie une atteinte d’une ou plusieurs de ces fonctions.

 

Qui peut avoir des troubles cognitifs ?

Dans le domaine du handicap moteur, les pathologies susceptibles de créer des troubles cognitifs sont :

Attention : avoir une de ces pathologies ou handicap moteur ne signifie pas systématiquement avoir des troubles cognitifs.

Les difficultés cognitives peuvent être discrètes ou plus importantes.

Ne se voyant pas nécessairement d’emblée, on parle de « handicap invisible ».

Lorsqu’il y a une lésion cérébrale, les difficultés cognitives peuvent s’améliorer dans certains cas, mais elles sont rarement réversibles.

Attention : Des difficultés cognitives peuvent survenir dans certaines situations comme dans les situations de grande fatigue ou des périodes de la vie : deuil, dépression ou maladies psychiques. Selon leur origine, les difficultés cognitives sont réversibles ou non.  

 

A quoi sert-il de connaitre l’existence de difficultés cognitives ?

Les difficultés cognitives ont un impact sur la vie de la personne et demandent à son entourage de s’y adapter.

Sans les identifier, l’entourage peut mettre la personne en difficulté en lui demandant des tâches qu’il ne peut pas réaliser.  Par exemple, le tuteur de Mr D. ayant des difficultés spatiales consécutives à un AVC, lui demande de lui envoyer des courriers. Hors, bien que s’exprimant bien, Mr D. est en difficulté pour repérer sur une enveloppe l’endroit où écrire l’adresse et ne peut pas plier une feuille de papier en respectant la taille d’une enveloppe. Il est donc utile que le tuteur ait connaissance de ces difficultés, appelées difficultés praxiques, afin de ne pas mettre son protégé en difficulté avec ici, les conséquences sur le non envoi  des documents. Il s’agit typiquement ici d’un handicap invisible.

Les difficultés cognitives peuvent être plus visibles. Par exemple, la rencontre avec des personnes ayant une aphasie (trouble du langage) ne laisse pas de doute sur l’existence d’un handicap. Néanmoins, une connaissance précise du type d’aphasie permet de s’y adapter. Par exemple, savoir ce que la personne comprend ou ne comprend pas. Connaitre les troubles cognitifs est d’autant plus utile qu’ils ne respectent pas le bon sens commun. A quelqu’un qui ne parle pas, on peut également attribuer des difficultés de compréhension ou l’impossibilité d’écrire des mots. Alors que le niveau de compréhension peut être différent de l’expression. Par ailleurs, on peut penser qu’une personne qui ne parle pas ne comprend pas l’écrit. Or, souvent, l’écrit est une aide pour les personnes aphasiques.      

 

Comment connaitre les difficultés cognitives d’une personne ?

On peut proposer à la personne de réaliser une évaluation cognitive, aussi appelée bilan neuropsychologique. Ces évaluations, réalisées par des psychologues spécialisés en neuropsychologie,

explorent toutes les facettes de la cognition avec des tests standardisés.

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Les bilans de langage sont réalisés par des orthophonistes.

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Les ergothérapeutes évaluent l’incidence des troubles cognitifs dans la vie quotidienne.

 

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Les objectifs d’un bilan cognitif sont différents selon les lieux et cadres où ils sont réalisés

Au SAVS SAMSAH, le bilan met en évidence les difficultés/troubles mais aussi les capacités sur lesquelles la personne peut s’appuyer. La psychologue spécialisée en neuropsychologie propose des évaluations afin d’aider la personne à mieux comprendre son propre fonctionnement. Ensuite, en sa présence, il est proposé de transmettre les résultats à son entourage : aidants familiaux et professionnels, de façon à les aider à s’adapter.

Toutes les personnes ayant des difficultés cognitives ne rencontrent pas la psychologue spécialisée en neuropsychologie. Certaines personnes ne le souhaitent pas et s’adaptent à leurs difficultés selon leur intuition. Inversement, d’autres ressentent le besoin d’être aidées à nommer et comprendre leurs troubles. Il peut également y avoir des indications de bilans cognitifs en lien avec certains projets : formation professionnelle, fauteuil roulant électrique, demande de mesure de protection … Une évaluation est ainsi proposée, en lien avec les professionnels de l’équipe qui accompagnent la personne dans cette démarche.  

L’évaluation cognitive permet de proposer à la personne des aides techniques cognitives adaptées. Dans notre service, ces aides sont proposées par les ergothérapeutes. Il s’agit par exemple d’outils de communication, d’outils de repérages dans le temps … etc.

L’intérêt d’une évaluation est de parler des troubles de façon objective et posée, alors que la personne qui les vit ou son entourage peuvent être angoissés à l’idée d’aborder ce sujet. Nommer les capacités cognitives et les troubles cognitifs contribue à lever des incompréhensions, et adapter l’accompagnement.

En conclusion, les troubles cognitifs existent mais ne se voient pas toujours. Ainsi, ils sont qualifiés de « handicap invisible ». Ils sont différents pour chacun et les connaitre permet de s’adapter au mieux aux besoins de la personne. En SAVS SAMSAH, l’objectif est d’accompagner au mieux les personnes dans leurs projets de réadaptation au domicile.

 

Vous voulez en savoir plus ? N’hésitez pas à découvrir ou redécouvrir une plaquette écrite en 2017 : « Peut-être accompagnez-vous des personnes ayant des troubles cognitifs ? ». (Lien).

Pictogrammes issus de la banque de données ARASAAC (Portail Aragonais de la Communication Améliorée et Alternative).

 

 

 

Quel est le rôle du psychologue spécialisé en neuropsychologie ?

Qui est-il ?

Il s’agit d’un psychologue formé avec 5 ans d’études, exerçant dans le cadre du code de déontologie des psychologues. Avec une formation généraliste, il a également une formation en neuropsychologie ou sciences cognitives. Selon les professionnels, certains se font appeler neuropsychologue ou psychologue spécialisé en neuropsychologie selon leur formation. Ils répondent à des missions communes selon leur cadre professionnel d’exercice.

Quel est son champ d’exercice ?

Le psychologue spécialisé en neuropsychologie s’intéresse aux capacités et difficultés cognitives d’une personne. Lorsque des difficultés sont présentes, on parle de handicap invisible.

Son mode d’exercice repose sur des entretiens cliniques au cours desquels il apprécie avec la personne l’existence d’éventuelles difficultés cognitives et la pertinence de proposer une évaluation permettant de les objectiver.

L’objectivation des capacités et des troubles se fait par l’intermédiaire d’une évaluation cognitive, reposant sur des tests standardisés reconnus par la communauté scientifique. Ils évaluent l’attention, la concentration, la mémoire, le langage ….

 

 

Julie CHAILLEY, psychologue spécialisée en neuropsychologie

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